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L'Histoire de la psychopathologie. Car il faut bien s'y intéresser. 

 

L'étude des troubles mentaux remonte à l'antiquité, on leur prêtait des conceptions magiques, qui perdurent depuis lors dans certains milieux. L'apparition d'outils et de méthodes scientifiques a cependant remis en cause ces conceptions, amenant à considérer les troubles mentaux comme des maladies et à tenter de les décrire/classifier pour mieux les diagnostiquer et les soigner.

 

Les premières conceptions de la psychopathologie étaient d'ordre magique et sont toujours présentes : on identifiait des symptômes, décrits de manière parfois peu précise, et l'on y associait une origine souvent externe, comme la présence d'un démon ayant pris le corps comme habitacle. Les traitements n'étaient pas forcément plus réfléchis, mais certaines bonnes idées ont perduré.

 

Le Moyen Age voit quant à lui, en rapport avec la prédominance des religions, un retour aux hypothèses externes comme facteurs explicatifs. Le souci d'observation et de rationalisation, s'aidant de la philosophie, s'efface progressivement, pour réapparaître au 14ème siècle, surtout grâce aux traductions systématiques du grec à l'arabe, puis au latin. La renaissance voit de nombreux philosophes remettre à nouveaux en cause les conceptions religieuses ou mystiques.

Est considéré comme le père fondateur de la psychopathologie clinique, Philippe Pinel (1745-1824). Nommé médecin-chef à l'hôpital Bicêtre de Paris en 1793, très imprégné des idées médico-philosophiques, il est un des premiers à considérer les malades mentaux comme des sujets à part entière, souffrants. Il est également un des premiers à proposer la description d'un grand nombre de maladies mentales au sein d'un traité publié en 1800.

Son élève Jean Esquirol introduira une notion de traitement, notamment moral, de ce qu'on appelait à l'époque, les aliénés. La construction de centaines d'édifices spécialisés dans le traitement des troubles mentaux marque la naissance de la psychiatrie en tant que discipline à part entière, dont la psychopathologie se démarquera à son tour un peu plus tard.

 

Décrire et classer les troubles mentaux suppose que l'on s'accorde sur la question du diagnostic psychopathologique. La question est complexe car différente de celle de la médecine somatique classique, dans le sens où Il n'existe aucun examen précis permettant de poser avec certitude un diagnostic psychopathologique : celui-ci ne sera posé qu'en regard d'un faisceau d'indices tenant compte par exemple de l'âge, du contexte d'apparition des premiers symptômes et de l'existence d'un événement déclenchant...

Un moyen de décrire l'ensemble des syndromes consiste à observer les symptômes le plus souvent associés, déterminer ceux qui sont exclusifs et ceux qui sont nécessaires, avec une aide de nature statistique. C'est en 1952 qu'apparaît la 1ère classification internationale, reposant sur des descriptions d'associations de symptômes, statistiquement significatives. Les plus utilisées de nos jours sont le DSM-IV et le CIM-10.

 

1. Conceptions médico-philosophique de la maladie dans l’antiquité grecque

 

Les conceptions de la maladie mentale se rapportant à la philosophie et la médecine de l’antiquité grecque, ont servi de modèle à la médecine pendant très longtemps. De 460 à 375 avant Jésus-Christ, Hippocrate fut un des premiers à renier les conceptions magiques de la maladie, et à intégrer l’idée d’une médecine scientifique. C’est à lui que l’on doit notamment la première classification connue des maladies dans l’histoire occidentale.

Réfutant toute explication surnaturelle de la maladie, il présente l’idée d’une médecine rationnelle basée sur l’observation, la description et le raisonnement, mais fait cependant appel à la philosophie pour rendre compte des passions humaines, afin de trouver certaines explications que les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas de mettre à jour.

 

Selon sa vision, le système humain est considéré comme un équilibre entre les différentes humeurs qui constituent l’individu, la maladie étant une rupture de cet équilibre. Sa théorie des humeurs indique que le corps humain contient du sang, du phlegme, de la bile jaune et de la bile noire. A chacune de ces humeurs correspond un des quatre "tempéraments" humain : sanguin, lymphatique, bilieux et mélancolique. La santé est vue comme l’équilibre de ces quatre humeurs : S'il y a une prédominance de l'une, il convient de rétablir l'équilibre dans le but de soigner.

 

Hippocrate explique ainsi de manière pseudo scientifique certaines maladies comme la mélancolie, due selon lui à un excès de bile noire ("melas kole"). Cette médico-philosophie permet tout de même d'opérer un changement radical des représentations que l'on se faisait de troubles mentaux : alors qu’avant lui, par exemple, l’épilepsie était considérée comme une maladie sacrée due aux dieux, elle est pour lui une sécrétion excessive de bile jaune qui envahit le cerveau (Il est donc un des premiers également, à faire un lien avec le cerveau) et cause la crise épileptique. Cependant, il reste sur une conception surnaturelle concernant certaines maladies, dont l'hystérie : selon lui, l’utérus des femmes migre vers le haut est cela provoque l’hystérie.

Ces théories perdent beaucoup d’importance en Europe au Vème siècle, puis reviennent avec leur traduction entre les 9ème et 13ème siècles, pour reprendre une grande importance au XIVème, surtout grâce aux traductions systématiques de grec à l’arabe puis au latin (Avicenne et Rhase).

 

2. Conceptions de la folie dans le moyen-âge.

 

Il s'agit d'une période obscure pour la représentation des troubles mentaux ... La médecine s’appuie moins sur la rationalité et l’observation, mais accorde plus de place à l’esprit, on parle de conception métaphysique. Plusieurs points de vue ont en fait coexisté, en particulier une théorie de la folie dans laquelle celle-ci est largement tolérée, puis une autre dans laquelle, au contraire, elle est largement réprimée : Avant le XIème siècle, les malades étaient parfois considérés comme des prophètes, ou considéré comme malades, mais pris en charge par les familles. Point de vue qui se détériora avec les abus religieux.

En référence aux croyances religieuses, celui qui est malade est possédé par le diable, le traitement doit donc être d’ordre religieux, avec des confessions, des repentirs publics,… Il n’existe pas d’établissement asilaire avant l’an 1000, et ceux que l’on nomme les fous vivent dans la communauté avec le soutien et l’assistance du groupe familial et social.

Dans la deuxième partie du moyen âge, on va assimiler la folie à la sorcellerie : les fous vont être les premiers à brûler sur le bûcher. Le contexte social, économique et politique de l’époque, désastreux, s'ajoute : la grande peste noire de 1348 fait des milliers de victime et ébranle ainsi l’autorité des voies divines et humaines. C’est le temps des hérésies : il y a un sentiment général de peur ; pour réprimer les désordres croissants, l’église va autoriser et lancer l’inquisition (pape Innocent III) dès 1499, qui va lutter contre toutes les formes "d’hérésie" par des enquêtes systématiques, très peu rigoureuses, et souvent arbitraires. Cela débouche finalement sur une chasse aux sorcières, l’Europe se couvre de bûchers pour les déviants et les malades mentaux.

Il y'a à cette époque en occident une conception démoniaque de la maladie : toute maladie inconnue est attribuée au diable, reliée à une sexualité débridée et perverse. La femme est ainsi considérée comme une porte d’ouverture du diable.

Celles que l'on nommait sorcières étaient probablement seulement des guérisseuses traditionnelles : bien mal leur en as pris, l'inquisition leur fit subir des supplices et des tortures jusqu’à en obtenir un aveu forcé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3. La Renaissance

 

Jean Wyer, né en 1515, critiqua ouvertement mais subtilement cette inquisition arbitraire, notamment, par la publication d'un ouvrage du nom de : "De l’imposture du Diable". Il s’imposa aux évêques en douceur, feignant de croire encore à l’existence du Diable. Mais il dénonça les conduites obscurantistes, pensant que les "sorcières" n'étaient que de pauvres malades mentales qu’il fallait soigner en tant que telles.

 

Il demandait notamment à chaque procès en sorcellerie, une expertise médicale ; en cela, il fut le précurseur de l’expertise psychiatrique. Selon lui, l’aspect magique des maladies mentales était surtout lié à l’utilisation de drogues et de plantes hallucinogènes. Il marque le début d'une renaissance, qui prendra son essor à partir du XVIIème, époque à laquelle les conceptions métaphysiques sont peu à peu abandonnées au profit d’une vraie médecine.

 

Les découvertes médicales se multiplient alors, on se base davantage sur les descriptions séméiologiques. Jusqu’au milieu du 18ème, l’étude de la folie n’est pas séparée de celle des autres maladies. Il y eut déjà à cette époque une tentative de classification des maladies mentales. Aux XVI ,XVII et XVIIIème siècles, des établissements asilaires furent créés, mais n’avaient pas vocation de soigner les "fous", seulement de les enfermer : ces fous étaient considérés comme des personnes dangereuses, de même que tous les marginaux (vagabonds, oisifs…). Tous étaient enchaînés. C’est dans ce contexte que va apparaître la clinique psychiatrique.

 

4. Naissance de la clinique psychiatrique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autre personnage important, Jean Esquirol, élève de Pinel, soutient sa thèse de médecine en 1805. il est le premier à introduire la notion de traitement, en particulier le traitement moral des aliénés. Le traitement thérapeutique est selon lui dans un 1er temps l’asile, mais c’est l’agent thérapeutique le plus puissant contre les maladies mentales. Ainsi, l'asile n'est plus une prison mais un lieu de soins. Certaines dérives s'opérèrent toutefois, le pays se couvrant d’établissements appliquant le traitement moral avec le nom d’asile, sous des formes parfois peu ressemblantes au cadre thérapeutique d'Esquirol.


Une loi de 1838 régit les modalités d’internement, chaque département est tenu d’avoir un asile d’aliénés. L’autorité publique exerce la direction de ces établissements publiques, mais également la surveillance des établissements privés. Dans ce cadre, tous les internements sont soumis à une réglementation précise.

La psychiatrie naît alors comme branche à part entière de la médecine. Les constructions d'établissements psychiatriques se font nombreuses dans plusieurs pays. A Paris, il existe par exemple l'Hôpital St Anne.

Elle est marquée par l’œuvre de Philippe Pinel (1745-1824), nommé en 1973, médecin chef à l’hôpital Bicêtre ; il est important à plusieurs niveaux. Très imprégné des conceptions médico-philosophiques, il publie un premier traité sur l’aliénation mentale en 1800, dans lequel il décrit un grand nombre de maladies mentales : les névroses, l’hypochondrie, les manies, la mélancolie, la démence, les pathologies liées à la frayeur, à l’angoisse… C’est le précurseur de la notion de névrose traumatique (équivalent à l’état de stress post-traumatique : pathologies que l’on peut observer à la suite d’évènements graves ou dramatiques). Pinel l’a décrit à partir de l’observation des soldats des guerres napoléoniennes, en décrivant ces paralysies mentales qui seraient selon lui dues à la peur.

La volonté de description et de méthodologie signent la naissance de la clinique psychiatrique, à la suite de ces études sur la folie : s'intéressant à ceux que l'on nomme "fous", il analyse les comportements et en déduit qu'il y'a chez ses malades, toujours, une part de folie et une part de raison. Par exemple, dans le délire passionnel, le sujet interprète les éléments de la réalité à sa manière, le délire ne touche que cette vie affective. La naissance de la clinique psychiatrique est ainsi marquée par le geste symbolique, dans un asile, d’enlever les chaînes des malades.

© 2014 par Lucas Bros

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