Un problème ? Mixez votre cerveau.
C’est le neurologue portugais Egas Moniz qui fait véritablement éclore la lobotomie en 1936. Il invente la lobotomie transorbitale. Il fondait des espoirs sur l’apparition de nouvelles connexions nerveuses entre le lobe préfrontal et le reste du cerveau qui altérerait les troubles comportementaux chez les patients qui subiraient l’opération. Peut-on parler d’amélioration systématique cependant ? Difficile à confirmer mais à force de pratique, il formalisa cette technique, afficha seulement 6% de décès, et obtint un Prix Nobel en 1949. A l’époque seul remède connu à la schizophrénie et en cas de dernier ressort par Egas Moniz, sa pratique se vulgarisa cependant rapidement avec une application pour soigner tout un panel de troubles mentaux ou moteurs. Si Egas Moniz faisait de petites perforations ciblées dans la boîte crânienne, bon nombre de ses confrères n’hésitaient pas à utiliser des pics à glace dans des conditions d’hygiène douteuses avec plus de dégâts définitifs que de guérisons escomptées.

Mais ce n’est qu’après la Secondaire Guerre Mondiale que la lobotomie est à son zénith. Durant la décennie qui commence en 1945, on estime que 100 000 personnes furent lobotomisées dans le monde. Durant les années 50, l’américain Walter Freeman améliore la technique par l’approche transorbitaire. Pour ne pas toucher au crâne, il passe par l’œil nanti d’un pic à glace et d’un maillet, avec ou sans anesthésie locale.
Freeman parcourut les Etats-Unis dans un autocar pour pratiquer des lobotomies en série, opérant ainsi quelque 2 500 patients. Cette pratique reçut une quasi-unanimité au sein du corps médical (avec quelques voix encore timides contre) et un accueil positif du public qui la voyaient comme une panacée de la dernière chance même si 14% des personnes opérées décédèrent des suites de leur opération. De plus des séquelles furent fréquemment observées parmi les lobotomisés, par Walter Freeman ou consorts : prostration, apathie voire état végétatif, handicap à vie ou encore troubles de l’élocution et absence d’inhibition sociale.
C’est à cette même époque que de sérieux doutes commencèrent à se faire entendre, notamment du fait de sa nature irréversible et barbare. Dans le milieu des années 1950, l’apparition du premier médicament à l’intention des schizophrènes, la chlorpromazine, fait passer de vogue la lobotomie. Le développement des électrochocs, technique réversible, entraîne un peu plus le délaissement de la lobotomie. La lobotomie est, de nos jours, interdite dans la plupart des pays du monde, dont la France.

“ J’étais complètement dans le brouillard. Je ressemblais à un zombie, je ne savais pas ce que Freeman m’avait fait.
Je ne pense pas qu'il était foncièrement mauvais. Il était juste déboussolé. Il essayait de faire ce qu’il pensait être bien, et ensuite il n’a pas pu s’arrêter.”
Voici maintenant le mode d’emploi de la lobotomie de Freeman. Vous n’avez pas besoin d’être docteur pour le faire (ce ne sera bon, que pour votre réputation et votre attractivité). Vous, débutant ou même enfant voulant jouer, pourrez expérimenter, avec facilité !
Il vous faut :
- Un pic à glace.
- Un maillet.
- Un individu.
Ce qu’il faut faire :
- Ne prenez pas la peine d’anesthésier l’individu se faisant opérer.
- Dégagez ses yeux.
- Pincez une des deux paupières, saisissez-la et soulevez-la de manière à la décoller du globe oculaire.
- Avec votre autre main, prenez votre pic à glace et enfoncez la pointe de celui-ci dans la fente (créée par la deuxième manipulation). Voir l’image de la page.
- Continuez de poussez l’aiguille dans le cerveau et, si vous avez des difficultés, utilisez le maillez en tapotant l’autre extrémité la tige métallique.
- Une fois arrivé au bout, malaxez la matière blanche (la matière cérébrale) en agitant ou moulinant le bâton. Détruisez quelques neurones afin de modifier l’état de votre patient, et ainsi, le soigner.
- Retirer l’instrument.
- Prononcez votre verdict à la famille du, maintenant, souffrant : « il aura besoin d’une chaise roulante ».
