7. Groupe B - Personnalité Narcissique
Je suis le meilleur. Le seul qui mérite d'être heureux, c'est moi. Moi, je te dis que tu peux crever, car je ne te trouve plus utile. Tu ne me mérites pas car je suis un héro. Je suis le plus beau. Je sais que tu m'aimes, que je suis admiré, moi. Moi, je sais que je suis extraordinaire et que je vais accomplir des choses fantastiques car il n'y a que moi qui puisse être, the best.
1. Résumé des principaux critères du DSM-IV
Le patient a au moins 5 des symptômes suivants :
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le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (par exemple, il surestime ses réalisations et ses capacités, s'attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport).
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il est absorbé par des fantaisies de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté ou d'amour idéal.
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il pense être "spécial" et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau.
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il a le besoin excessif d'être admiré.
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il pense que tout lui est dû : s'attend sans raison à bénéficier d'un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits.
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il exploite l'autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins.
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il manque d'empathie : n'est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d'autrui.
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il envie souvent les autres, et croit que les autres l'envient.
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il fait preuve d'attitudes et de comportements arrogants et hautains.
2. Données épidémiologiques (ratio/prévalence)
Prévalence : 0,4%. Plus fréquent chez l'homme
3. Caractéristiques psychopathologiques du trouble
3.1. Symptômes
Sentiment d'être unique et spécial : il doit être constamment admiré, ils ont une image élevée d'eux-mêmes, souvent renforcée par une phase d'ascension sociale marquée par la réussite professionnelle. Ils présentent également des erreurs de jugement dues à la surestimation de leurs compétences, conduisant fréquemment à des échecs importants.
Indifférence aux autres : tendance à les exploiter, donc vision utilitaire des autres et de l'entourage ; les autres sont là pour l'admirer, mais ne reçoivent en retour aucune considération ; ceux qui ont pu être admirés pendant un temps peuvent ensuite faire l'objet d'un mépris, soit parce que l'autre a cessé d'être intéressé, soit parce que le narcissique a atteint son but et ne considère plus avoir besoin de cet autre.
3.2. Relations interpersonnelles
De nature très changeante puisque ponctuée par l'admiration et le mépris.
3.3. Expressions affectives, émotionnelles ; style cognitif
L'expression affective est marquée par le sentiment d'indifférence à autrui. Manque total d'empathie. Humeur généralement enjouée, mais nécessite un contrôle extrême, puisqu'il dissimule la crainte d'être critiqué, pouvant conduire à des accès de colère.
Le style cognitif est dominé par une perception de soi guidée par une haute estime de soi. La perception des autres est dichotomique : ils sont soit admirés, soit utiles, soit méprisés.
4. Adaptation et évolution des troubles
Variable et dépendante du milieu socioculturel. L'évolution est souvent positive, mais on a pu noté des fonctionnements chroniques de dépression et de conduites suicidaires.
5. Hypothèses explicatives
Facteur éducatif : la tendance des parents à répondre par une admiration exagérée à leur enfant, ce qui aurait perturbé le sens de sa propre valeur par rapport à la réalité.
Le statut social, culturel ou économique peut également amener à développer des idées grandioses (et ça peut permettre de compenser l'infériorité ou la différence).
Échec de développement précoce concernant l'intégration et l'imitation des comportements empathiques : l'enfant resterait fixé au stade de développement de la centralité de ses besoins.
6. Prise en charge et objectif thérapeutique
La relation thérapeutique provoque au début un sentiment de satisfaction. Dans un second temps, il y a des difficultés à tolérer la frustration engendrée par le processus thérapeutique, quelque soit la nature de la psychothérapie. Le taux d'abandon est par conséquent élevé. L'objectif thérapeutique est de baisser le sentiment de supériorité par le biais de croyances alternatives, et de développer les capacités à se questionner sur les autres, ainsi qu'à être plus attentif à leurs sentiments (développement de la capacité d'empathie).
Le sujet se croit le plus fort, le plus beau, le plus intelligent, le meilleur. Pour lui, il est le roi et les autres ne sont que des "sous-merdes", parfois pouvant être utiles. D'après lui, les "sous-merdes" ne méritent pas d'être aidées et comprises puisqu'il n'y a que lui qui mérite quelque chose. Il n'existe que pour lui, s'aime et pour être admiré par les autres. Mais s'il n'est pas admiré par les autres ?


